Samira Ahmed – Bragelonne 

“Résistance” est la définition même du roman coup de poing. Futuriste et pourtant dérangeant de réalisme, il fait tellement échos à l’actualité qu’on sourirait presque des sous-entendus qui nous sont faits. J’ai d’ailleurs mis du temps à le lire, angoissé par ce futur trop proche auquel il est difficile de se confronter. L’auteur dépeint une société ou racisme et nationalisme se mêlent, ostracisant les différences et notamment la religion musulmane. L’islamophobie grandit, exacerbée par le président récemment élu, ce qui n’est pas s’en rappeler plusieurs évènements du 20ème siècle. En effet ce n’est pas un mystère, les propos de Samira Ahmed s’inspirent des camps de concentration nazis mais également d’évènements moins connus tel que l’incarcération des japonais durant la seconde guerre mondiale.

A travers les yeux de Layla nous sommes directement plongés au cœur de l’intrigue. La jeune fille, arrêtée avec ses parents, puis transportée dans un camp désertique, se retrouve face aux conséquences d’un gouvernement extrémiste. Son monde bascule en une nuit et elle doit renoncer à  sa vie, ses promesses d’avenir, son petit ami… Pourtant elle proteste, lutte pour ses droits fondamentaux, défie une autorité sans légitimité.  Sa révolte devient viscérale et c’est, à mon sens, ce qui la rend crédible. Si, dans le récit, certains éléments semblent parfois invraisemblables, Layla réagit comme le ferait une jeune fille de 17 ans. Alors, bien sûr, elle est tête brûlée, trop téméraire et souvent inconséquente mais c’est ce qui la rend attachante. 

J’ai tout particulièrement aimé que Samira Ahmed nous montre la religion musulman dans sa pluralité. Avec ces diversité de pratiques, de langage et de représentation et non comme la religion uniforme qui nous est trop souvent dépeinte. 

Pour finir et c’est un détails auquel j’accorde beaucoup d’importance, je suis ravie de l’utilisation qui est faite des réseaux sociaux. Littéralement à portée de main, cette visibilité des nouvelles technologies devient l’arme du peuple pour contrecarrer la censure de l’État. Sans encenser ces réseaux en ligne je trouve parfois dommage la diabolisation systématique qu’on leur attribue. 

Je ne dirais pas que ce roman est nécessaire mais il pousse la sonnette d’alarme tout en facilitant le dialogue et rien que pour ça il mérite d’être lu. 

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